Fukushima, cette tache indélébile

Depuis mars 2011, la centrale numéro 1 de Fukushima ne produit plus de l’électricité mais de l’eau contaminée par défaut, un succès imprévu de l’industrie nucléaire ! Très performante en son genre, elle a accumulé 1,2 millions de tonnes d’eau radioactive qui sont stockées dans un gros millier d’énormes réservoirs, faute de savoir quoi en faire.

Cela fait désordre et travail laissé en plan, il faut donc y remédier. Au prétexte que la place vient à manquer, deux options se présentent : attendre patiemment leur évaporation dans l’atmosphère ou, de manière plus expéditive et efficace, les déverser sans autre forme de procès dans l’océan tout proche. C’est la solution retenue sans oser le revendiquer par le gouvernement, avec le soutien affirmé de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Mais elle rencontre l’opposition de la population locale, des pêcheurs au premier rang, ainsi que des autorités sud-coréennes dont les côtes sont toutes proches. Il s’y ajoute un problème de calendrier en raison de la tenue, l’été prochain, des Jeux Olympiques au Japon. Symboliquement et pour souligner un retour à la normalité de propagande, la flamme olympique doit partir de la région de Fukushima, une opération de communication à ne pas perturber par une décision intempestive.

En attendant, 150 tonnes d’eau contaminées continuent d’être sans fin quotidiennement produites afin de refroidir les réacteurs. Et un silence de plomb – si l’on ose dire – règne à propos des coriums et des moyens de les extraire des sous-sols où ils sont répandus. Ce n’est pas la seule question d’escamotée, car un sérieux doute plane sur la décontamination effective de l’eau stockée ainsi que sur sa soi-disant dissolution dans l’océan quand elle y sera déversée.

La production nucléaire de l’électricité est âprement défendue par les industriels de la filière pour être la solution rêvée à la transition climatique, cette notion qui évite de prendre le taureau par les cornes. Avec à la clé la prolongation de l’activité des centrales existantes au-delà du calendrier prévu et la construction de nouvelles unités. Il reste toutefois à solutionner le petit problème du financement des nouvelles centrales destinées aux gros émetteurs de carbone, la Chine et l’Inde en premier lieu. Là, au moins, l’opinion publique ne compte pas.

La catastrophe de Fukushima représente une tache noire dont le défaut est d’être indélébile.

2 réponses sur “Fukushima, cette tache indélébile”

  1. Tss,tss,tss, le manque d’imagination des autorités japonaises laisse pantois. Il ne faut surtout pas se débarrasser de cette eau radioactive mais la vendre !

    Il fut un temps, pas si lointain, où la réclame vantait les mérites de la radioactivité pour la santé et où des parents avisés n’hésitaient pas à mettre une aiguille de radium sous l’oreiller du petit dernier pour le fortifier (d’où certains greniers qui de nos jours encore affolent l‘aiguille d’un compteur Geiger).

    De quoi exploser, pardon booster, le marché des boissons énergétiques.

    Quand le radium était miraculeux
    http://www.topito.com/top-pubs-vantent-bienfaits-produits-radioactifs

    1. Ce qui est fascinant dans le lien que tu nous proposes Roberto, c’est la similitude avec notre époque contemporaine. Aujourd’hui, certes, la radioactivité n’est plus vendeuse, mais combien d’autres produits – et comportements ! – toxiques le sont !

      Celle que j’aime le plus, c’est : « Ne pêchez plus par ignorance, demandez de suite à votre fournisseur (…) l’appât radioactif qui attire les poissons et les écrevisse comme l’aimant attire le fer. » Nous quittons notre ignorance pour entrer dans la connaissance, et cet éveil est le fruit d’une conversion… religieuse !

      Ne voyons-nous pas aujourd’hui un écho de cela dans la « Religion féroce » ?…

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